Les premiers échanges entre Anne-Marie Leroyer et l’entourage d’Emmanuel Macron datent du 8 novembre 2016. C’est Sarah Dormont, maître de conférences en droit privé à l’Université Paris-Est Créteil (UPEC), qui met en relation Anne-Marie Leroyer et Quentin Lafay, la « plume » d’Emmanuel Macron. La commande est simple : la juriste doit réaliser trois courtes notes « pédagogiques » sur la GPA, la PMA et le changement de sexe à l’intention du candidat. « Nous avons demandé à Anne-Marie non pas de défendre une position, mais de présenter objectivement la situation », précise Quentin Lafay, dans un message à plusieurs membres d’En marche !. Mais, dans ses notes, Anne-Marie Leroyer ne peut s’empêcher de donner son avis : « c’est ce que je dirais si j’étais [Emmanuel Macron] pour atteindre l’électorat anti-Fillon sur ces questions, sans perdre les plus modérés », écrit-elle.
Des expertises très orientées
Seules deux des trois notes rédigées – celles sur la PMA et la GPA – sont accessibles sur le site de Wikileaks. Chaque fois, Anne-Marie Leroyer procède de la même manière : après avoir dressé l’état des lieux en France et en Europe, elle développe sa réflexion et ses conclusions en faveur d’une libéralisation de ces pratiques.
Les notes de l’enseignante de droit ont été réceptionnées par Quentin Lafay le 21 novembre, au lendemain du premier tour de la primaire de la droite et du centre qui a vu François Fillon arriver largement en tête. Ce qui suscite chez lui ce commentaire inquiet : « Au vu des résultats d’hier, il est plus qu’utile qu’[Emmanuel Macron] se positionne rapidement sur ces sujets ! ». Les trois notes seront ensuite remontées au candidat fin novembre.
Une réunion prétendument contradictoire
Entre-temps, un avis complémentaire est demandé au Pr Yves Ville, responsable du service d’obstétrique et de médecine fœtale à l’hôpital Necker et cosignataire, en mars 2016, du manifeste de cent trente médecins demandant la facilitation de la reproduction assistée en France.
Pour achever leur réflexion sur ces sujets bioéthiques, les proches conseillers du candidat décident d’organiser, le 20 janvier 2017, une réunion « contradictoire » en présence d’Emmanuel Macron. Autour de la table : l’incontournable Anne-Marie Leroyer, la sociologue Irène Théry, le Pr René Frydman, le psychanalyste Jean-Pierre Winter et l’ancien président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) Jean-Claude Ameisen. La contradiction penche sévèrement en faveur de la PMA : Leroyer, Théry et Frydman militent pour.
Jean-Pierre Winter est, lui, beaucoup plus critique, notamment sur la disparition programmée du père : « Le temps du sociologue et le temps du psychanalyste n’est (sic) pas le même. Il ne faut pas négliger le refoulement et donc le retour du refoulé ».
Si La République en marche « appelle à la vigilance » sur la nature des publications révélées par Wikileaks, ces dernières montrent sans conteste quels courants et personnalités ont influencé – et influencent probablement encore – le président de la République sur les questions sociétales. Et ce n’est pas sans susciter de réelles inquiétudes pour l’avenir. (Source "Famille Chétienne")
/http%3A%2F%2Fwww.famillechretienne.fr%2Fvar%2Ffc%2Fstorage%2Fimages%2Fmedia%2Fimages%2Farticles%2Fmacronleaks%2F51406454-1-fre-FR%2Fmacronleaks.jpeg)
GPA, PMA : ce que révèlent les " Macronleaks "
On en sait un peu plus sur la manière dont Emmanuel Macron a élaboré, durant sa campagne électorale, ses propositions en matière familiale et sociétale. Le 31 juillet, l'organisation Wikile...