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La réalité en face

La réalité en face

Un des maux de notre époque, c'est le refus et l’interdiction de regarder la réalité en face et surtout de la décrire! c'est le Politiquement Correct qui l'empêche! Il conditionne la description et donc la perception du réel! Quand elle est "Non Idéologiquement Conforme", la réalité est occultée, tronquée, manipulée par les media.


PMA GPA BUSINESS DE LA PROCREATION ARTIFICIELLE - Marianne DURANO, auteur de "Mon corps ne vous appartient pas : les femmes contre les labos" : "La fécondité devient un marché de taille pour le système libéral"

Publié par Michael Jeaubelaux sur 15 Janvier 2018, 10:48am

FIGAROVOX/EXTRAITS - Une jeune normalienne signe un essai d'une profondeur vertigineuse sur la nouvelle domination que la technique médicale et la société consumériste imposeraient au corps de la femme. En reliant son expérience personnelle aux catégories de la pensée, elle emprunte une perspective inexplorée : celle d'une philosophie de la maternité et de l'expérience du corps féminin.
Cet ouvrage est a rapprocher avec "La reproduction artificielle de l'humain" d'Alexis Escudero pour qui "La PMA est un gigantesque marché"!
UNe légalisation de la PMA serait une grande victoire pour les labos (dont on sait que MACRON est un excellent ami!) ainsi prétendre que la légalisation de la PMA Sans Père est une mesure "de Gauche" serait une imposture et une escroquerie intellectuelles!

 

FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN- Le féminisme doit être repensé en profondeur: tel est le point de vue de Marianne Durano, professeur et journaliste à la revue Limite*. Une vision iconoclaste qui trace les contours d'une véritable anthropologie.

 


Ancienne élève de l'Ecole Normale supérieure, agrégée de philosophie, Marianne Durano est professeur en lycée. Elle est rédactrice à la revue Limite et publie prochainement un essai sur le corps féminin aux éditions Albin Michel.

 

Vous défendez dans la revue Limite l'idée d'un féminisme intégral. Que signifie cette expression? Féminisme n'est-il pas un mot qui se suffit à lui-même?

Limite se veut une revue d'écologie “intégrale”. Tout comme l'expression “écologie intégrale”, “féminisme intégral” est en effet un pléonasme. Néanmoins, si nous parlons d'écologie intégrale, c'est pour dénoncer une forme de schizophrénie entre, d'une part, les tenants de l'écologie environnementale, et d'autre part les tenants de l'écologie “humaine”.

De la même manière, le féminisme médiatique est pris dans des contradictions qui rendent nécessaire l'adjectif “intégral”: on ne peut pas défendre les femmes tout en niant la différence des sexes, lutter pour l'égalité salariale sans prendre en compte la spécificité de la grossesse, proclamer “mon corps m'appartient” sans dénoncer le trafic d'ovules et d'utérus qu'implique l'extension des PMA, etc.
(..)

“Malheur à celle qui donne naissance : elle est laide”, écrit Eliette Abécassis. Partout notre société célèbre le corps androgyne de mannequins filiformes.

Vous considérez que la société de consommation et la technique empêchent la femme de s'accomplir. Pourquoi?

La femme est niée comme productrice et caricaturée comme consommatrice. La société de consommation instrumentalise les femmes quand il s'agit de vendre des produits inutiles, mais nie la féminité quand il s'agit d'exploiter les employées. Dépeinte comme une ménagère stupide ou comme une bimbo aguicheuse, selon qu'il s'agit de vendre du détartrant ou de la mousse à raser, la femme est réifiée par ce que Michel Clouscard a appelé le “capitalisme de la séduction”.

En revanche, quand la consommatrice passe de l'autre côté de la pub, et devient salariée, sa féminité est considérée comme un obstacle à sa productivité.

A force d'exalter la libération par la carrière, certaines féministes bourgeoises, soutenues en cela par tous les adorateurs du PIB, enjoignent aux femmes d'être des employés comme les autres.

Et si cela implique le sacrifice d'une maternité épanouie - éternelles célibataires, mères frustrées ou quadragénaires - on nous fait croire que c'est le prix de la liberté!

Quand des multinationales comme Google ou Facebook proposent à leurs employées de congeler leurs ovocytes pour repousser leur première grossesse et rester plus longtemps productives, elles sont dans la continuité d'une époque qui demande aux femmes de sacrifier leur féminité pour prouver leur indépendance.

Les Mémoires d'une jeune fille rangée ont bouleversé ma vie : c'est grâce à Simone de Beauvoir que j'ai épousé la philosophie.

On voit bien ici comment la technique, qui permet à la société de contrôler le corps et la fécondité des femmes, est au service du système capitaliste.

En effet, les femmes ne peuvent être mises en concurrence avec les hommes qu'au prix d'une maîtrise technique de leur fécondité.

Prendre la pilule jusqu'à 35 ans puis avoir recours à la PMA pour procréer quand l'horloge tourne, prendre des médicaments pour ne plus avoir ses règles ou pour atténuer les effets de la ménopause: ce sont les femmes qui payent dans leur corps le prix de leur prétendue libération. Pendant ce temps, les hommes peuvent continuer à jouir et les patrons à prospérer.

En quoi «le corps maternel» est-il oublié dans la société contemporaine?

“Malheur à celle qui donne naissance: elle est laide”, écrit Eliette Abécassis, par ailleurs interviewée par Limite, dans son roman Un Heureux évènement.

Partout notre société célèbre le corps androgyne de mannequins filiformes.

Partout est glorifiée la working-girl et la femme fatale, talons aiguilles et fessier impeccable.

Confrontée à ces images, que peut ressentir la jeune mère au corps éprouvé, aux mains pleines de crème pour le change, coincée avec sa poussette dans les couloirs du métro? Quelle vision d'elle-même notre époque lui renvoie-t-elle? Celle d'une femme aliénée et non-désirable, voire indésirable.

(..)

Pendant qu'elle est pesée, auscultée, piquée, le discours médiatique lui serine en effet que la différence entre un homme et une femme tient à un poil, que la féminité est une construction sociale, et que l'utérus n'est qu'un prolongement du vagin, un pénis inversé. Il serait grand temps que les cultural studies investissent un peu les salles d'accouchement, pour prendre une bonne leçon de théâtralité...

 

La différence des sexes s'affiche de manière obscène et caricaturée dans la pub et le porno.

Etes-vous héritière de Simone de Beauvoir ou en contradiction avec son féminisme?

Les Mémoires d'une jeune fille rangée ont bouleversé ma vie: c'est grâce à Simone de Beauvoir que j'ai épousé la philosophie. Le Deuxième Sexe est un livre grandiose, profond et merveilleusement écrit. Je pense qu'il a été un choc salutaire pour toute une génération.

Néanmoins, la corruption du meilleur engendrant le pire, je crois que ce livre est à l'origine de bien des maux dont souffrent les femmes d'aujourd'hui. D'abord parce que transposer au XXIème siècle les combats authentiquement situés de l'existentialisme athée est un anachronisme et une aberration philosophique. Ce n'est plus le foyer qui aliènent les femmes d'aujourd'hui, c'est un dispositif techno-capitaliste qui les étouffe.
Plus fondamentalement, Simone de Beauvoir déteste la féminité, elle qui conclut Le Deuxième Siècle par ce terrible verdict: “La dispute durera tant que les hommes et les femmes ne se reconnaîtront pas comme des semblables, c'est-à-dire tant que se perpétuera la féminité en tant que telle.”
Elle qui ne fut jamais mère n'a pas de mots assez durs pour décrire l'horreur que lui inspire le corps féminin.
L'orgasme féminin? “un processus de décomposition qui fait horreur.”
La femme enceinte? “Une réserve de colloïdes, une couveuse, un oeuf.”
Le foetus? “Une gélatine tremblante”, “un embryon glaireux [qui] ouvre le cycle qui s'achève dans la pourriture de la mort.”
Ce dégoût devant “la misère originelle d'être corps” pose tout de même question.
En tous cas, ce n'est pas un tel héritage qui réconciliera les femmes avec leur féminité...
Les femmes sont-elles une minorité?

Nathalie Heinich répond brillamment à cette question dans l'entretien qu'elle a bien voulu nous accorder. Le problème, pour la paraphraser, consister à confondre une donnée statistique (un homme sur deux est une femme) et une réalité politique (les femmes sont encore trop souvent discriminées en tant que femmes). Ne pas distinguer ces deux niveaux d'analyse et considérer les femmes comme une minorité parmi d'autres relève au mieux d'une confusion, au pire d'une malhonnêteté intellectuelle. La dimension structurelle de la différence des sexes fait du féminisme un combat à part dans la grande lutte contre les inégalités, si légitime soit-elle par ailleurs. Si rien ne justifie en effet qu'on traite différemment un blanc et un asiatique, soumettre les femmes et les hommes au même régime juridique serait une injustice. Le simple exemple du viol, dont 91% des victimes sont des femmes, montre qu'il serait aberrant d'ignorer la différence des sexes sur le plan du droit.

(..)

L'affaire Weinstein a provoqué une libération de la parole des femmes harcelées sexuellement. Que vous inspire le hashtag «Balance ton porc»?
Animaliser l'adversaire n'a jamais été une solution. Rétorquer “sale porc” au mec qui braille “paye ta chatte”, c'est surenchérir dans la déshumanisation. Or notre société crève de cela. C'est parce que nous avons fait sauter tous les garde-fous qui humanisaient le désir des hommes pour les femmes (politesse, séduction, galanterie), sous prétexte qu'ils constituaient des violences symboliques, que les rapports entre les sexes sont devenus si bestiaux. Les hommes dont le regard libidineux nous salit sont d'abord de pauvres types, victimes d'une misère sexuelle et affective affligeante. La même élite médiatique qui les dénonce se précipite par ailleurs à Beaubourg pour admirer le Domestikator, une statue de 12m de haut représentant une levrette géante…

Ceci étant dit, je pense que la question du harcèlement n'est pas anecdotique. Un phénomène comme l'affaire Weinstein permet à de nombreuses femmes de prendre conscience qu'elles sont victimes de harcèlement, et pas seulement d'un mec un peu lourd. Comprendre que même Marion Cotillard peut en être victime peut aider certaines à retrouver leur dignité, et la force de dire merde aux emmerdeurs: je peux en témoigner personnellement. Je ne ferai donc jamais partie de celles qui minimisent les violences sexuelles, du texto cochon aux viols les plus brutaux, en passant par la main au cul.

Diriez-vous que notre société poursuit un processus d'indifférenciation où les hommes sont des femmes comme les autres et inversement?
Notre société est pleine d'incohérences, comme toute société non-totalitaire. La différence des sexes s'affiche de manière obscène et caricaturée dans la pub et le porno. Elle est omniprésente dans les clips, les tubes radios, les tenues vestimentaires, les insultes et les préjugés: toutes choses superficielles.
Elle est instrumentalisée et exploitée par la technoscience, commercialisée sous forme de paillettes de spermes, d'ovules, de ventres, et autres “matériaux génétiques”. Elle est pathologisée dans les cabinets gynécologiques, et les cours d'éducation sexuelle.
Elle s'impose artificiellement à travers l'écriture inclusive, les îles et les elles, les langues de bois de tous genres. Et pourtant elle est niée dans le seul espace où elle est nécessaire: la famille, l'engendrement, ce corps-à-corps fécond d'où naît toute vie et toute société.

*Eugénie Bastié, membre de la rédaction du Figaro et du FigaroVox écrit pour la revue Limite.

En 2014, vous avez pris position contre la Procréation médicalement assistée (PMA)ainsi que contre la Gestation pour autrui (GPA) car vous étiez contre toute forme de « manipulation du vivant ». Esther Benbassa, sénatrice EE-LV, vous avait alors rétorqué qu’à trop suivre la nature « on finit par vivre avec des animaux dans une ferme du Larzac ». Où en êtes-vous de ce débat ?

J’ai pris publiquement position contre et je me suis fait cartonner. Je continue d’aborder cette question, comme toutes les autres,  sous l’angle de la critique de la technique. La PMA et la GPA, c’est la boite de Pandore : eugénisme, homme augmenté. Avec ça, l’événement de la naissance, qui est un événement biologique, aléatoire, devient organisé et géré dans un objectif très particulier. Ces méthodes  créent quelque chose de complètement artificielet programmé alors que la richesse du vivant est du côté de l’improbable. Je ne rentre pas dans des considérations morales. Je ne regarde que le phénomène et ses conséquences sur le vivant. En l’état, ce que ça implique pour les femmes : la chimie, cette dimension invraisemblable de la mère porteuse, la construction d’une servitude. Enfin son alibi -puisque chaque technique doit avoir sa force d’attraction- le droit à l’’enfant.  Le droit de choisir son enfant sur catalogue. Dans La reproduction artificielle de l’humain, ce phénomène est très bien expliqué. A ce propos, il faut voir le documentaire Et l’homme créa la vache, de Jean-Christophe Ribot. Il faut toujours regarder ce qu’il se passe sur les vaches pour savoir ce qu’il va nous arriver.

La critique de la technique n’a jamais été l’apanage d’un seul courant philosophique, la revue Limite qui abrite plusieurs sensibilités en est la preuve…

Avec ma petite équipe,on est tombé sur la revue Limite et les textes de Fabrice Hadjadj parce qu’on parlait des mouvements contre la PMA et la GPA . On a découvert qu’on n’était pas tous seuls. Bien sûr, aux yeux des réseaux mainstream d’EE-LV, on passe pour des salauds lorsque nous déployons notre critique. Ce qui est intéressant, c’est que certains y arrivent par le mouvement situ, comme PMO, d’autres parce qu’ils sont catholiques. Ca me rappelle toute la richesse des années 70 avec ses différents fronts qui arrivaient dans tous les sens… Et vous, si vous vous faites cartonner à votre tour, c’est normal, c’est bon signe !

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