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La réalité en face

La réalité en face

Un des maux de notre époque, c'est le refus et l’interdiction de regarder la réalité en face et surtout de la décrire! c'est le Politiquement Correct qui l'empêche! Il conditionne la description et donc la perception du réel! Quand elle est "Non Idéologiquement Conforme", la réalité est occultée, tronquée, manipulée par les media.


"Sophistique et GPA" - Marie-Anne FRISON-ROCHE

Publié par Michael Jeaubelaux sur 6 Janvier 2016, 13:52pm

"Marie-Anne Frison-Roche est professeur d’université, actuellement professeur titulaire à Sciences Po (Paris). Ses travaux portent principalement sur la régulation mais aussi sur la justice et sur la théorie générale du droit. Elle publiait le 29 décembre sur son blog l'article dont voici des extraits ci-dessous, où elle démontre que les sophistes se sont emparés du droit pour le tordre et lui faire admettre la gestation pour autrui (GPA), en employant le discours de la séduction."

[...] "1. La première étape de sophistique juridique a consisté à transformer les auteurs de la violation de la Loi civile et pénale en victimes...(..) C’est ainsi que les époux Mennesson obtiennent gain de cause contre la France par l’arrêt CEDH du 26 juin 2014.

2. La deuxième étape de sophistique juridique a consisté à transformer en allié la principale victime de l’opération. En effet, l’enfant « cédé » est en cela traité comme de la matière première, ce qui est contraire à son droit le plus fondamental, lequel consiste à être toujours traité en « personne ».... (..) C’est la ratio decidendi des 2 arrêts d’Assemblée plénière du 3 juillet 2015.

3. La troisième étape de sophistique juridique a consisté à faire disparaître la mère de l’enfant... Cette troisième étape est à la fois requise et très délicate pour les promoteurs du marché des femmes et des enfants. En effet, par le contrat les agences ont dès le départ obtenu que les mères consentent à renoncer à leur statut de mère vis-à-vis de l’enfant qu’elles remettront à la naissance à ceux qui en ont demandé la fabrication. Mais dans la stratégie globale, du fait même que la victoire précédente a été obtenue grâce à l’argument du « lien biologique » entre l’homme qui a demandé à la fabrication de l’enfant et celui-ci, comment ne pas subir un effet boomerang et échapper à reconnaître que ce qui vaut pour l’un (le père biologique) vaut pour l’autre (la mère biologique qui a porté l’enfant) ? Le contrat qui a pendant quelques années suffi pour prétendre que la mère n’est rien puisqu’elle a consenti à n’être rien, ne peut plus suffire, en raison même de la victoire dans l’étape précédente de cette avancée méthodique. Il faut donc passer à la quatrième étape. Elle est en train d’être franchie.

4. La quatrième étape de sophistique juridique consiste à faire apparaître le « parent » comme seul acteur, jetant ainsi un voile opaque sur le père et la mère, qui disparaissent. (..) La mère qui a porté l’enfant n’existe plus, n’a jamais existé. Pour mieux la destituer, puisque le contrat n’y suffit pas, on lui trouve une nouvelle appellation : face aux « parents », elle serait devenue la « porteuse », la « donneuse ». Comme l’expression de « donneuse d’enfant » révèlerait que l’enfant est cédé comme une chose, pour blanchir la cession d’humain, l’invention sophistique de vocabulaire la fait appeler : « donneuse de gestation », le corps de la femme se scindant par la magie des mots. Mais le ministère public a fait appel de l’Ordonnance. Comment faire taire le Ministère public ? Il faut passer à la cinquième étape.

5. La cinquième étape de sophistique juridique consiste à faire taire le Droit en le constituant comme « homophobe ». Le sophiste ne cherche pas la contradiction, il cherche à réduire au silence celui qui contrarie son but... Alors que les cas choisis pour être portés en justice et attirer la piété sur les demandeurs d’enfants concernent des couples hétérosexuels frappés par une stérilité médicalement constatée, lorsque des personnes affirment être hostiles à des telles conventions de maternité de substitution, leurs arguments sont discrédités par le discours suivant : les « porteurs de projet d’enfant » sont souvent des couples homosexuels masculins. Du fait de leur type de relations sexuelles, ils sont aussi « comme stériles », puisqu’ils ne peuvent avoir d’enfant. Une fois cela admis, il suffit d’ôter le « comme » : une « stérilité sociale » exercerait la même contrainte que la stérilité physique. C’est alors au titre du principe constitutionnel de « l’égalité », celle entre les couples, que la GPA devrait être envisagée. Toute autre perspective devrait être exclure, car toute autre analyse est … homophobe. En effet, si le Droit contrarie les couples homosexuels masculins dans leur désir d’avoir des enfants, c’est la preuve que le Droit lui-même implicitement mais nécessairement est hostile aux couples homosexuels. (..) Si l’on demande : « êtes-vous pour la GPA, c’est-à-dire contre la dignité de la femme et de l’enfant ?», la réponse ne pourra être que « Non ». Mais désormais la question est : « êtes-vous pour la GPA, c’est-à-dire contre l’homophobie ? », la réponse ne pourra être que « Oui ». Tout est dans l’art de poser la question.

6. La sixième étape de la sophistique juridique est dans l’argument de la « dérive ». Il s’agit de soutenir que les « usines à bébés », les ventes d’ovocytes et de gamètes pour n’avoir que des enfants correspondant à des vœux eugéniques, la multiplication des agences, sont des « dérives ». Il convient dès lors d’admettre le principe de licéité de la pratique des conventions et de les encadrer, par une législation confiant cette « régulation » à des régulateurs publics, dans un service public ou à des juges, en exigeant des critères éthiques. (..) Cette sixième étape permet de rendre admissible l’idée même de fabriquer l’enfant à fin d’être cédé. Elle prépare l’industrialisation de l’humain. L’argent viendra après. Le Législateur britannique envisage d’ailleurs de passer à la GPA « commerciale » car l’idée d’un « droit à l’enfant » a été si bien répandue qu’il convient maintenant de susciter l’offre et de transformer la « compensation financière » en prix pur et simple. Mais cela, cela sera la septième étape.

Voilà comment par une stratégie juridique qui pour l’instant fonctionne, les entreprises, en ne s’appuyant que sur des cas, que sur des juges et sur l’opinion publique, sont en train d’installer le marché mondial des esclaves.

Que doit-faire le Droit ?

Le Droit doit faire face au Sophiste. Le Droit doit en premier lieu « dévoiler », c’est-à-dire montrer le plan servi par cette stratégie, lequel révèle le visage du sophiste, ici les entreprises qui construisent le marché du matériel humain. Puis le Droit qui a pour fonction et légitimité de protéger la dignité humaine, doit parler et dire : Non."

Pour lire des extraits : http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2016/01/gpa-comment-le-sophisme-juridique-est-en-train-dinstaller-le-march%C3%A9-mondial-des-esclaves.html

Pour lire le texte in extenso : http://mafr.fr/fr/article/sophistique-et-gpa/

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